16 mai 2012 : dans son bureau quasiment vide de la rue de Valois, le ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand, regarde, à la télévision, la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande et emballe ses derniers cartons. C’est son dernier jour au ministère.
Émission "Les Pieds sur Terre" par Sonia Kronlund sur France Culture ici
Nota: Esperemos vê-lo regressar em breve à tv, à rádio, à escrita.
Mais sobre Frédéric Mitterrand neste blog aqui
Par où s'est-il approché le triste, le long, l'interminable orage de la fin des années soixante ? Si amer et si confus qu'on ne sait s'il dure toujours ou s'il s'aggrave encore. Est-ce par ici, le long des couloirs de cet hôpital où mourut l'ami le plus cher, celui auquel je pense chaque jour depuis que nous nous sommes laissés seuls, il y a vingt ans, vingt-cinq ans, je ne me rappelle jamais la date ? Ou est-ce par là, juste un peu plus tard, quand on parlerait d'une chambre en désordre, d'un téléphone, d'une couverture avec dessous la plus belle fille du monde ? Ou est-ce par là encore, lorsque les salles obscures s'abandonnèrent au soleil noir venu du Nord que dispensait une lanterna magica aux éclats de voix mystérieux et rauques, et qu'on sentit, soudain, la beauté sourde de sa lumière cruelle.
Frédéric Mitterrand
in Tous Désirs Confondus
© RAPHO/TOP - ACTES SUD, 1988
outros excertos da mesma obra aqui e aqui
Imagem: Capa da revista "Paris Match", 8 de Agosto de 1962
Leia também aqui
Montreuil 1963
foto Robert Doisneau
Cet enfant-là, que sa mère emporte, serré dans ses bras parmi les ombres des périls du monde, l'ai-je été un jour ?
J'ai beau vouloir me souvenir, rien ne vient, si ce n'est le manque. Il y eut certainement quelque chose de ces images des autres dans notre histoire, quelque chose que je cherche à travers elles sans parvenir à le nommer ; et qui fut certainement trop bref, ou que je ne sus percevoir parce que j'étais déjà trop exigeant, trop silencieux ; à moins que j'eusse été trop petit encore. Quelque chose... puisqu'aujourd'hui, infirme et violent, tout de même l'amour demeure.
Frédéric Mitterrand
in Tous Désirs Confondus
© RAPHO/TOP - ACTES SUD, 1988
Outro post sobre a mesma obra neste blog aqui
Frédéric Mitterrand nomeado Ministro da Cultura de França! A surpresa enche-me de alegria... e estremeço perante o desafio, logo sublinhado pelo “faux pas” com que acaba de se estrear, ao anunciar prematuramente, em Roma, que abandonava a Villa Médicis, e pelo qual já pediu desculpa, pela “descortesia” que o gesto representou para com a sua antecessora no cargo.
“Um inclassificável na Cultura” como ontem o descrevia o “Libération”, sim, um inclassificável, tal como André Malraux, que recordei assim que recebi a notícia, e "um tipo cheio de categoria, de respeito et de humildade", como comentou um leitor do jornal.
Leia os textos do Libération aqui e aqui
Imagem: aqui
Para o livro Retrovisor, um Álbum de Família, paguei em 2008 os direitos de reprodução de cinco fotografias: três do Arquivo Fotográfico da Câmara Municipal de Lisboa, e duas da Getty Images. No A.F.M. interessei-me por cinco imagens mas acabei por só "comprar" três depois de saber que cada uma custaria 140 euros. Quando fui levantar o CD com as imagens que encomendara, manifestei à funcionária que me atendeu alguma perplexidade pelo facto de o preço ser o mesmo para qualquer fotografia da colecção. Foi-me respondido que a tabela de preços não havia sido fixada pelo próprio arquivo mas pelos “serviços centrais” da CML. Foi-me ainda comunicado, por e-mail, que “mencionar a proveniência das imagens é obrigatório e deverá ser Arquivo Municipal de Lisboa/Arquivo Fotográfico, e têm de entregar 3 exemplares da obra publicada.”
Lisboa nos anos 60 / Fotografia de Armando Serôdio
Arquivo Municipal de Lisboa/Arquivo Fotográfico
Considero este preço muito elevado, tendo em conta, por um lado, a deficiente qualidade das imagens - esta, que reproduzo acima no estado em que me foi entregue, apresentava a mancha que distinguimos no canto inferior direito, e todas três tiveram de ser tratadas em termos de contraste - e, por outro lado, o facto de se destinarem ao interior de um livro de média dimensão e pequena tiragem.
Com a Getty Images foi tudo tratado online. Preenchi um questionário sobre o destino a dar às imagens e foi possível, e mesmo agradável, dialogar com os interlocutores. Esta fotografia dos anos 40, comparável às do A.F.M., em estado impecável, custou-me 50 euros, sem eu ter de sair de casa, o que me pareceu um preço perfeitamente razoável.
Roma nos anos 40 / Fotografia de Ralph Crane
Getty Images
Sei que não estamos na América, e aprecio o esforço recentemente feito pelo Arquivo Fotográfico Municipal para colocar em linha a sua colecção, mas esta experiência foi desencorajadora em termos de futuros projectos.
*
Os episódios da série Destins d’étoiles evocados em posts anteriores foram exibidos uma ou duas vezes pela televisão francesa na década de 80 e talvez nunca mais sejam vistos, a menos que alguma cinemateca se interesse um dia por exibi-los. A comercialização desses documentários, uma edição em vídeo ou, hoje, em DVD, é inviável devido ao quebra-cabeças dos direitos de autor, o que até se compreende diante da extensa lista de arquivos públicos e colecções privadas que desfilava em cada genérico final. O programa dedicado a Vivien Leigh, por exemplo, não incluía a mais pequena sequência do mítico E Tudo o Vento Levou, mas antes excertos dos testes realizados pela actriz para o papel, uma das muitas “trouvailles” que faziam o encanto dos programas e, acima de tudo, forma astuciosa de contornar o preço astronómico que teria custado citar um minuto que fosse do filme.
À Lady Astor, première femme députée aux Communes qui lui avait dit, outrée par son arrogance: «Si j’étais votre femme, je mettrais du poison dans votre café!», il répondit:
« Et moi si j’étais votre mari, je le boirais!»
À une dame du monde, trahie par la nature, qui lui avait reproché son ivresse lors d'un dîner, il répondit: « Oui, mais moi, demain je serai sobre alors que vous serez encore
laide!»
À propos de Clement Attlee, leader travailliste qui l'avait battu aux élections en 1945, il répéta longtemps cette notation impitoyable: « Un taxi vide s'arrête devant le 10 Downing Street. M. Attlee en descend...»
Les mots cruels compliquent et retardent les carrières, et Winston Churchill en prononça tellement, en se faisant autant d'inimitiés, terrorisées et courroucées, qu'il connut plus d'un passage à vide, et notamment durant les années 30 où tout le monde le croyait un homme fini. Mais son intelligence, son énergie, sa valeur morale d'exception ainsi que sa manière de considérer sa vie, la Grande-Bretagne et son histoire comme les éléments d'un roman dont il serait le héros et l’écrivain, furent finalement récompensées par des circonstances à sa mesure: la défense intrépide et solitaire de la liberté face à une Europe submergée par la barbarie nazie. Homme d'un autre siècle et source d'enseignement pour le futur, aristocrate incapable de comprendre ce que voulaient les citoyens ordinaires et anarchiste visionnaire habile à les nourrir de rêve, despote domestique et démocrate sincère, esprit ouvert aux idées et caractère irrationnel, il fut historien, poète, peintre, ami des animaux, gaffeur, insupportable, attendrissant; en somme, comme le disait un de ses rivaux : cinquante pour cent génie et cinquante pour cent infantile. Aujourd'hui, comme pour de Gaulle, son faux jumeau, son vrai adversaire et son meilleur partenaire, on a tendance à forcer sur le pourcentage du génie et à s'émouvoir sur ce qu’il reste de l'infantile.
Car Churchill manque infiniment dans l'aujourd'hui des technocrates et de la politique frileuse et télévisée, comme tous ceux qui surent être à la fois des héros et des hommes en un temps qui fut bien près de s'abandonner aux criminels et aux tyrans.
George VI: "Eh bien, Monsieur Churchill,
c’est un grand jour pour vous, la fin de la guerre en Europe.
Permettez-moi de vous féliciter."
Winston: "Et moi de même, Votre Majesté. Ce fut une longue route."
Frédéric Mitterrand
introdução de Winston Churchill, in Destins d'étoiles - volume IV
© P.O.L.,Fixot,1991
imagem: Winston Churchill e sua mulher, Clementine, numa fotografia que descobri aqui
« vous avez le droit de tout me dire, sauf que Franco n'est pas mort!» La voix de l'homme est sourde et monocorde, le regard voilé d' une sorte de lassitude triste et il se tient, comme toujours, emprunté et indéchiffrable dans la pénombre d'un de ces palais pompeux et surannés d’où le dictateur a gouverné l'Espagne pendant quarante ans d'une main d'acier.
Les dignitaires du régime comprennent alors que tous les scénarios patiemment élaborés par le régime, ses adversaires ou l'étranger, sont subitement sans valeur.
L’homme sans relief et sans éclat, qu'ils ont surveillé pas à pas depuis son enfance, les congédie dans un murmure sans appel, avec le vieux monde et ses macabres souvenirs.
À l'extérieur, tout le monde a eu un projet différent pour l'Espagne, dont le seul point commun est que l'homme disparaisse au plus vite. Mais personne n'a imaginé qu'il a
compris tous leurs calculs et tous leurs préparatifs et qu’il en a conçu d'autres, relayés par des amis très sûrs, bien placés, d'une fidélité à toute épreuve.
Il a appris le secret et le silence, s'est entraîné à tromper la violence, est devenu libre dans la prison dorée dont on vient de lui remettre les clés sans penser un seul instant qu'il va s'en servir pour ouvrir toutes les portes.
Aujourd’hui, quinze années se sont écoulées, et Juan Carlos, roi d'Espagne, est un des dirigeants les plus respectés du monde.
Il avait tout pour échouer et son succès est éclatant.
Par quel mécanisme l'héritier d'une dynastie exsangue, le fils adoptif d’un tyran, l'otage d'un pouvoir sanglant et policier, est-il parvenu a remplacer une à une ces cartes
dangereuses par le jeu tout neuf dont il a conçu les règles, avant de les faire accepter au seul partenaire qui fut à sa mesure: l'Espagne?
" Toi, jeunesse plus jeune, si de plus haute cime
la volonté te vient, tu courras l’aventure
dans l’éveil transparent aux divines lumières claires
comme diamant, et comme diamant pures "
Antonio Machado (1875-1939)
Frédéric Mitterrand
introdução de Juan Carlos, in Destins d'étoiles - volume III
© P.O.L.,Fixot,1991
imagem: Juan Carlos, in Destins d'étoiles (vol.III)
Quand les idéologies, les dogmes, les explications globales et définitives du monde sont mises à contribution pour nous réformer et nous apprendre à vivre dans le but de faire notre bonheur — pas pour tout de suite sans doute, mais enfin pour les générations suivantes, toujours pour les générations suivantes — et que l'on se débat avec beaucoup
d'incertitude, de remords et de confusion afin de faire entendre malgré tout sa voix, il est sage de revenir auprès d'Albert Camus pour se sentir un peu plus fort.
Quand l'absurdité de notre destin, l'approche imprévisible et inéluctable de la mort comme seule certitude, l' intolérance, l'injustice et la violence comme réalité quotidienne paralysent le désir d'agir, de créer et de transmettre, il est bon de revenir auprès d'Albert Camus pour éprouver ce qu'est l'envie de vivre.
Quand le soleil d'un soir de mer et l'indifférence d'une grande ville, le plaisir d'une amitié et le côtoiement de la misère, l'élan vers un sourire et un corps, et la tendre et vague satisfaction du désir emplissent l'existence avec des bouts de rêve et des nuages d'inquiétude, il est apaisant de revenir auprès d’Albert Camus pour mieux savoir aimer.
Le beau gosse en imperméable n'est pas venu traîner sa dégaine à la Bogart depuis Alger, la Libération et le Nobel pour qu'on l'endorme sur les pages du Lagarde et Michard, et il n'est pas mort en pleine jeunesse pour qu'on le range hâtivement quelque part entre Rimbaud et James Dean au rayon des destins foudroyés.
Albert Camus nous parle de nous, d'ici et de maintenant; c'est assez simple, en somme, il suffit de lui ouvrir son cœur et son esprit pour vouloir que la seule nouveauté qui vaille toujours est celle d'être fraternel.
" Vous savez ce qu’est le
charme: une manière de
s'entendre répondre oui sans
avoir posé aucune question
claire."
Frédéric Mitterrand
introdução de Albert Camus, in Destins d'étoiles - volume II
© P.O.L.,Fixot,1991
imagem: Albert Camus retratado por Cecil Beaton
«je redoute, chère amie, de vous sentir inexorablement attirée par le versant tragique de l'existence, celui ou l'on perd ses forces à se demander pourquoi vivre tandis qu'il serait tellement plus simple de se laisser glisser dans le néant.» Lorsqu’elle entendit, à la fin des années quarante, pour la première fois cette réplique d' Anna Karenine, dont elle fut l'une des plus belles incarnations dans un film de Julien Duvivier, Vivien Leigh avait trente-quatre ans.
Auréolée de la gloire de Scarlett 0'Hara qui en avait fait la plus prestigieuse héroïne de toute l'histoire du cinéma, elle régnait sur Hollywood avec une grandeur lointaine dont la capitale du septième art n'avait jamais fait l'expérience jusqu'alors. Parvenue à force de travail et d'ambition au-devant des feux de la rampe, elle était également au centre de cette institution prestigieuse entre toutes, le théâtre britannique. Enfin, son mariage avec Laurence Olivier, harmonieux et durable, plaçait le couple qu'elle avait su construire au coeur de la société internationale de l'intelligence et du raffinement, l'inscrivant dans l'imagination et la mémoire des foules comme un symbole de perfection digne des plus anciennes et des plus belles histoires de l'amour partagé.
Pourtant, les mots adressés à Anna Karenine résumaient aussi le combat intérieur qui ravageait déjà son existence intime et qu 'elle s'acharnait à dissimuler et à affronter avec toutes les ressources de son intelligence, de son charme et de son élégance morale; en vain, puisque cela faisait longtemps que Vivien Leigh avait en fait commencé sa descente vers la folie et la mort, perdant peu à peu tout ce qu'elle avait su conquérir sur elle-même, sans jamais cesser d'opposer sa fierté aux rumeurs inquiètes et grandissantes du monde extérieur et se réservant l'ultime sursaut de disparaître comme s'il s'agissait d'un exil en pleine gloire et non d'une chute dans un abîme sans fond.
Aujourd'hui son empreinte demeure intacte et nul n'a jamais remplacé Vivien Leigh, sous les sunlights, sur la scène, dans le souvenir de ceux qui l'ont aimée et de ceux qui la découvrent encore. Car au-delà de l’éclatante réussite de tout ce qu'elle accomplît et de ce qu'elle su donner, demeure la complexe et douloureuse énigme qui emporta sa vie; celle-là même devant laquelle elle fut la dernière à s'incliner, après avoir si ardemment tenté de la maîtriser et de la comprendre, avec l'impossible espoir de pouvoir lui échapper.
Warren Beatty: “Qu’avez-vous à cacher à cette journaliste?
Vous la connaissez, c'est une amie?
Vivien Leigh: “Elle me posera un tas de questions.
Ce que je fais, qui je vois, pourquoi je vais à la dérive.”
Vivien Leigh: “Oui, si l'on ne sait où aller. ”
Printemps romain de Mrs Stone
Tennessee Williams, Jose Quintero 1962
Frédéric Mitterrand
introdução de Vivien Leigh, in Destins d'étoiles - volume I
© P.O.L.,Fixot,1991
imagem: Vivien Leigh em Anna Karenina, de Julien Duvivier
Nos vies seraient bien tristes et l'histoire de notre temps, encore plus redoutable et confuse, si les vedettes de cinéma, les rois et les reines, les artistes célèbres ou certains héros de la presse populaire ne se faisaient pas les messagers de nos émotions, de nos élans et de nos désarrois. Leurs existences à l'apparence brillante consolent notre quotidien obscur; leurs destins, heureux ou tragiques, nous vengent de n'être que les acteurs abandonnés et solitaires d'un théâtre trop vaste dont les intrigues nous dépassent. Et si les politiques et les historiens les négligent ou s’en méfient, nous savons bien qu’ils donnent ses couleurs à notre époque et nous rejoignent dans les rêves dont elle s’accommode si mal. Mais ce sont aussi d’étranges messagers, à peine conscients de ce qu’ils transmettent et dont nous ne savons finalement pas grand-chose; cette imprécision les protège; elle fonde leur séduction et leur légende, et s'avère finalement plus forte que tous les détails pourtant bien réels qui aiguisent notre curiosité en nous donnant l’illusion de les connaître.
Ces textes, écrits à l’occasion d'une série d’émissions de télévision, se sont servis de leurs images; ils en ont transcrit, le plus honnêtement possible, des faits et des attitudes, des situations et un éclairage qui ne sont pas ceux auxquels on est accoutumé; mais ils y ont aussi toujours retrouvé le romanesque et l’incitation aux songes, car c’est là que réside l’impalpable exactitude qu'aucun récit ne peut fléchir et enfermer. Ce sont ainsi plutôt des contes ou des chansons en prose, où tout est vrai, et s’il en existe, surtout les mensonges.
Frédéric Mitterrand
introdução de Destins d’étoiles
© P.O.L., Fixot, 1991